Soirée tranquille (?) [PV Terry]

Cela faisait une semaine que Julia n'était pas allée boire un verre à ce cher Derbydun, le bar de la ville, celui qui accueillait le plus d'étudiants. Cette semaine s'était plutôt bien passée, comme n'importe quelle autre semaine de vacances à vrai dire. Grasse matinée, copieux déjeuner, journée à glander devant la télévision ou à peindre, à rire et s'énerver avec ses soeurs, et le soir à sortir. C'était un bon programme pas vrai ? Oui, mais ce soir-là, elle voulait absolument aller boire un verre pour se détendre un peu, mais ses soeurs n'eurent pas envie de l'y accompagner.

- Non, j'ai pas la tête à sortir ce soir, avait dit Amber.
- Pi il est toujours trop rempli de toute façon, avait ajouté Sandy.

Bizarre de la part de ses soeurs qui adoraient pourtant faire la fête à n'importe quelle occasion. Peut-être n'avaient-elles simplement pas envie d'y aller, et elles faisaient ce qu'elles voulaient de toute manière. Julia n'avait pas besoin d'elles pour s'amuser et se faire des connaissances. En effet, de nature très sociable et enjouée, la jeune femme allait facilement vers les autres. Elle partit donc s'habiller après une bonne douche. Un jeans et un top jaune ferait l'affaire. Elle mit un blouson par dessus et sortit.


Ses cheveux détachés se balançaient dans son dos au rythme de ses pas et elle tenait son sac dans le quel elle avait ses affaires, telles que son portable, son porte-monnaie et autres choses utiles. Mais on pouvait y trouver d'autres choses bien moins utiles, comme dans tous les sacs de fille.^^ Tels du maquillage qu'elle n'utiliserait pas pendant la soirée, des petits mots de ses soeurs, un crayon de papier, des post-it(o_O) et autres choses du genre. Julia avait le don de ne jamais prendre avec elle que le nécessaire. Mais enfin, elle était comme ça.


Enfin, elle arriva au Derbydun. Pour un soir de vacances, il n'était pas très rempli, mais pour un soir normal, on pouvait dire qu'il était bondé. Il n'y avait plus de place nulle part, tous es sièges étaient pris, les fauteuils, les tabourets, plus rien. Julia ne se démoralisa pas, au contraire. Elle alla tout d'abord chercher à boire au comptoir. Une bonne Guinness et elle chercha une place du regard. Ses yeux tombèrent alors sur une table un peu en retrait où il n'y avait qu'un jeune homme. Sans plus de cérémonie, elle se dirigea là-bas, au rythme de la musique de fond qu'elle entendait, puis s'appuya sur la table d'une main en demandant avec un sourire :

- Salut, cette place est prise ou je peux m'asseoir ?

La foule, la musique presque assourdissante, ces tintements de verre entrecoupés de rires, d’éclats de voix… Tout ce petit monde qui semblait enchanté d’être là ou il était, fêter la vie se retrouver après une journée de cours, et partager des moments entre amis.
Oh.
Et c’était qu’on entendait le disque se rayer : Rien dans tout cela ne semblait correspondre à la description idéale d’un lieu de prédilection pouvant abriter un Terry en quête de solitude. Comme toujours me direz vous. Mais cet endroit était vivant, joyeux, en un mot : bruyant.

Que faisait-il là?

Je m’imprègne de l’humanité qui m’est inaccessible.

Aurait-il pu répondre solennellement, à quiconque aurait pu lui demander, à savoir, en clair, la voix de sa conscience. Non, clairement, ça n’était nullement pour cette raison qu’il était là, mais uniquement parce que le destin l’avait doté d’une sœur, et que la fratrie était la pire malédiction qui pouvait bercer ce monde. Comprenez : il avait été victime d’une machination.

Heu… Térence, l’avenir de l’humanité dépendrait de ta sociabilité que tu préfèrerais nous tuer tous que de discuter avec quelqu’un d’autre que tes bouquins.

…

On parie?

Non

Tu te défiles alors?

…

Genre, imagine toi dans un lieu public, disons… Le bar des étudiants… Toi, contre tous…

Un soulèvement de sourcil accueilli la dernière phrase de sa sœur, qui décidément, du haut de ses 17 ans, savait exactement comment manipuler son aîné. Elle avait d’ailleurs ajouté avec un sourire quelque peu diabolique :

Et sans tes bouquins…

Et voilà. Il était donc assis, à ce bar, l’air ailleurs, depuis dix bonnes minutes, comme dans une autre planète, sur une île perdue au milieu d’une marée d’autres personnes, lorsqu’une jeune fille apparu à coté de lui, littéralement, car il avait levé la tête au moment précis ou elle posait la main sur la table, et lui adressa la parole.

Ça devait arriver, non?

Oui, la place est prise, occupée par l’ombre pesante de ma sœur et de sa fichue technique de manipulation.

Le regard neutre, le visage qui l’était tout autant, et Térence hocha la tête, se disant que, de toutes façons, la jeune fille allait sans doute être rejointe par une bande d’amis, et qu’il pourrait se tirer, l’air de rien.

Oui

Un léger sourire, presque imperceptible apparu sur ses lèvres, en guise de « y’a pas de quoi ». Pauvre garçon pour lequel chaque mot sorti paraissait être mûrement réfléchi. En réalité, il n’arrivait pas à sortir de longues diatribes, n’arrivait pas à laisser voguer les mots qui lui venaient à l’esprit, et n’arrivait tout simplement pas à les partager avec autrui. Comme si les milliers de mots qu’il absorbait au quotidien, avec ses livres, restaient coincés à l’intérieur de lui. Comme si chaque mot qui franchissait la barrière de ses lèvres était un sacrifice, et qu’il devait abandonner ses compagnons, et retrouver sa libertés. Comme si chaque mot appris par Térence était devenu prisonnier.
Mais il ne le faisait pas exprès. Parfois, il aurait voulu se lancer dans de longs discours, s’écrier brusquement, se montrer extraverti… mais c’était impossible. Si le visage de Térence était autre chose qu’impassible, il valait mieux s’inquiéter. Le jeune homme devenait un véritable monstre lorsqu’il était énervé.
Étrange à concevoir? C’était possible.

Tiens, une question lui était posée… Voyons, réfléchissons aux termes posés par sa
sœur.

Du THÉ, Térence? Qui donc boit du thé dans un bar, tu peux me le dire? Il est inutile de penser une seule seconde que tu vas t’en tirer comme ça. Prend quelque chose de plus… Normal! Elle avait baissé la voix pour éviter que leur parents les entendent. De l’alcool, par exemple. J’imagine que tu sais ce que c’est, tu en as entendu parler dans tes bouquins, non?

Difficile à croire, mais il avait déjà été sous l’emprise de l’alcool, sa sœur le prenait sans doute pour le dernier des demeurés. Sûrement, d’ailleurs, comme la plupart des personnes croisant sa route. Oui, car sa sœur était quelque part dans la salle, évidemment. Car il fallait bien quelqu’un pour prouver qu’il avait bien gagné son pari.

Revenons à nos moutons : répondre à la question qui lui était posée.

Il avala une gorgée de sa Guinness, puisqu’en voyageur confirmé, il avait eu le temps d’en goûter, des bières, pour arrêter son choix à la fameuse irlandaise, et répondit par la négative, en haussant les épaules, comme si il s’en fichait.

Non, pas vraiment.

Encore à se demander ce qu’il fichait ici. Ces lumières, ces gens, cette fille. Totalement hors contexte, notre jeune homme, un peu comme un livre dans un aquarium.

Et dire qu’il n’était même pas agoraphobe. Aucun prétexte pour perdre son pari.
Il sortit un paquet de cigarette de la poche de sa veste. Fumer fera passer le temps plus vite?

On aurait pu le traiter d’imbécile de ne pas profiter de la situation. La fille qui lui parlait était jolie, mais il n’avait pas plus envie de la connaître que de se mettre à danser. Ew, Térence en train de danser. Ça annoncerait quoi au juste, la fin du monde?

Tout ce à quoi il pouvait penser, était à ses livres. Tout ce qu’il voulait était être dans un endroit tranquille.
Ce garçon avait vraiment un problème. Mais non voyons, il était juste de ceux qui voyaient au-delà des apparences physiques. Ou plutôt qui ne voyait même pas l’apparence.

Elle se nomma. A travers la musique et le bruit, son nom traversa étrangement les barrières sonores pour atterrir dans l’oreille de Norman, tendit qu’elle continuait à sourire.

Euh, il faisait quoi là au juste?

Ah oui, allumer une cigarette. Glissée entre ses lèvres, la lueur rouge ne tarda pas à apparaître au bout du bâtonnet de nicotine.
Non, ça n’était vraiment pas poli.

Inspiration d’une bouffée, clignement de l’œil comme pour mieux se rattacher à la réalité.

Terry.

Et non, il ne le répèterais pas.

Un livre. Il était comme en manque. Ça allait faire au moins vingt minutes qu’il n’avait pas lu. Ce garçon était tout bonnement un dévoreur de livre, et dans son cas, ça allait sans doute jusqu’à l’addiction. Pourquoi n’était-il pas normal? Il n’était même pas gêné par la situation, ne sentant pas vraiment que situation il y avait, d’ailleurs.
Il se contentait d’observer. Les gens qui riaient. Cette serveuse qui ne cessait de passer devant ce gars, là bas, tendit que ce dernier faisait des yeux doux à celle qui semblait être sa petite amie. Laquelle regardait ailleurs. Ce type qui ne cessait de sortir des blagues bidons sans se rendre compte que le reste de l’assemblée levait les yeux au ciel. Cette fille qui depuis quelques minutes ne cessait de multiplier les verres de ce qui ressemblait à du whisky coca. Parfois, il lui arrivait d’observer sans le vouloir le petit monde de personnes qui lui étaient totalement inconnues. Le parfois impliquait les rares moments ou il ne pouvait pas faire usage de ce qui lui permettait de pallier à la réalité, ses ouvrages.

Comme en ce moment.


Et ça impliquait alors que Terry ne pouvait s’empêcher de regarder le monde qui l’entourait, de son regard rêveur, à peine présent, vivant toujours dans la bulle protectrice de l’histoire qui était en cours. Sa cigarette d’une main, son verre de l’autre, et cette fille en face de lui.

Il aspira une bouffée de sa cigarette, et la posa quelque seconde sur le cendrier, histoire de faire tomber quelques cendres. Alors, il se passa quelque chose de tout à fait singulier. Tendit que la jeune femme se penchait sur le coté, Terry ignorait pourquoi, car avec le bruit de fond, il n’avait bien évidemment pas entendu le portable vibrer, son verre lui échappa des mains, tombant sur la table, et éclaboussant la table, lui, et les environs, ce qui laissa quelques secondes le jeune Térence perplexe, doutant pendant quelques secondes du trajet qu’avait fait le verre, qui, il l’aurait juré, lui avait échappé des mains.

Un instant, son visage fut tinté d’une pointe d’étonnement, durant un laps de temps si court qu’il fallait vraiment le remarquer. Un bruit d’éclats de verre, et les personnes alentours coupèrent leur conversation pour regarder ce qui arrivait. Ils eurent d’ailleurs droit à une remarque acerbe de la jeune fille qui, semblant soudainement nerveuse, avait sortit des mouchoirs et s’était mise à éponger la table. Il attrapa le mouchoir qu’il lui tendait, toujours quelque peu perplexe, et se mit à éponger sa chemise. Oui, car Térence portait toujours des chemises…

Et puis, elle s’excusa. Il fallait alors avouer que le jeune homme s’interrompit alors dans le nettoyage de sa veste, et plongea quelques secondes son regard dans le sien, comme étonné par le fait qu’elle s’excuse.

Puis enfin, répondit :
Heu… non, ça va, merci.

Un léger sourire ponctua sa remarque, comme si il voulait calmer un peu l’affolement dont elle paraissait être la victime à ce moment précis, sans qu’il n’en comprenne la raison.
Grands dieux. Terry Norman essayait d’être gentil? Possible.

Tu… attends quelqu’un?

Et voilà, il tentait à présent de lancer la conversation. Le verre qui s’envolait? On en parlerait plus. Un incident étrange, comme un autre, qu’il mettait à présent sur le compte de son imagination un peu trop débordante.

Les bribes de mouchoirs ayant servit à nettoyer ses vêtements atterrirent sur la table, à coté de ceux utilisés par la jeune femme. Ils disparurent rapidement, emportés par une serveuse qui s’avérait être diablement efficace… Sa cigarette, qu’il voulu reprendre, et qui aurait du se consumer doucement pendant le court passage, n’était pas de cet avis. La soulevant, il nota qu’elle aussi avait été de la fête, ce qu’il restait de papier et de nicotine dégoulinaient en un spectacle peu ragoûtant dans le cendrier de plastique. Il la reposa dans le réceptacle prévu à l’effet des déchets enfumés, d’un air inexpressif. Un peu d’action dans sa soirée, s’en était presque marrant. Enfin, la version du drôle chez Térence était encore à prouver. Qui donc pouvait se vanter de l’avoir entendu rire, même, ne serait ce qu’un instant? Le moindre sourire montrant plus que ses dents de devant était déjà digne de l’exploit. Pauvre garçon, il était beaucoup trop renfermé, dans ce monde ou les véritables humains ne valaient pas le coup, ou la solitude était plus plaisante que la vie en société, et ou la famille était tout ce qui lui suffisait. S’ouvrir à autrui? Improbable, impossible, inimaginable. Il ne savait même pas comment on faisait.

Si il regrettait sa bière? Pas le moins du monde. A vrai dire, on avait peut-être raison en se disant qu’il ne s’y connaissait pas vraiment en alcool. La Guinness avait été son choix par défaut, mais soyons sérieux, la bière n’était pas sa boisson favorite, on parlait là d’un garçon qui mangeait des pommes en guise de friandise… Il n’en voulait donc pas à la jeune femme, et d’ailleurs, il aurait été stupide de lui en vouloir pour si peu, alors que de toutes manières, il ne la reverrait sans doute jamais. Au bout d’un moment, elle en aurait marre, et elle partirait.
Il partirait à sa suite, et retrouverait ses aises, sa chambre dans la maison fraîchement aménagée, ou les cartons étaient encore omniprésents, et ou les livres se baladaient à même le sol, sous l’œil sévère mais amusé de sa mère.

La jeune fille était sortie sans ses sœurs? Cela impliquait qu’elle en avait plusieurs. Le jeune homme, malgré son apparence sans cesse blasée, adorait la sienne, et s’était sans doute pourquoi il était là ce soir, cédant au pari qu’elle lui avait lancé, tout comme il cédait la plupart du temps à tout ce qu’elle pouvait lui demander, Tatiana, sa sœur, donc, tentant désespérément de le rendre un peu plus normal. Sans résultats flagrants, hélas pour elle.
Il aurai pu demander à Julia combien elle en avait, ou lui poser plus de questions, mais il n’était pas curieux, trouvant déjà que les gens parlaient beaucoup trop à son goût, il s’était mis en tête que si autrui avait quelque chose à raconter, il le ferait spontanément.

Non

Avait-il répondu à la dernière question de la jeune femme, mettant fin de son habituel ton indifférent à une éventuelle discussion future. La conversation aurait pu s’arrêter là, et ils auraient pu tout deux plonger dans un silence qui aurait paru étrange dans cette foule de personnes bruyantes et amusées, mais, tendit qu’il tournait la tête distraitement, tendit qu’il cherchait à nouveau son paquet de cigarettes, son regard croisa celui d’une jeune femme très jolie et souriante, comme toujours. Personne qui ne lui était guère inconnue, puisqu’il s’agissait de Tatiana, en personne, sa très chère sœur.

Alors que lui venait d’entrer en première année d’université, la jeune femme était arrivée en dernière année de lycée. Deux semaines après leurs arrivée, et elle connaissait déjà tout le monde. Effrayant.

Elle fonça à leur table avec un grand sourire, et entreprit de saluer Julia d’un signe de tête, tout en poussant légèrement son frère, de manière à avoir une place sur la banquette à coté de lui.

Tu ne t’ennuies pas trop avec lui?

Lâcha-t-elle, sans songer à se présenter, tendit que le jeune homme arborait à nouveau son petit air blasé, qui contrastait avec son regard qui s’était mis à briller un peu plus. Elle était tout son exact contraire, aussi joyeuse que lui était taciturne, aussi fêtarde qui lui était introverti.

Au fait, je me suis pas présenté, je m’appelle Tatiana je suis… Sa sœur. La sœur de Terry. J’imagine qu’il ne s’est même pas présenté, déjà qu’il m’a fallu déployer des trésors de bonne volonté pour le convaincre de sortir! On est nouveaux ici, il fallait bien qu’il rencontre du monde…

Dit-elle alors, un plus grand sourire aux lèvres, tendit qu’elle tendait la main à Julia.

Je ne reste pas longtemps! A moins que vous ne vouliez venir avec moi acheter un hot dog, je meurs de faim! Mais ils en vendent pas ici…

Ajouta-t-elle avec une légère grimace.


[désolée pour l’invitée, vu que Térence parle pas je me suis dit que j’allais faire quelqu’un parler à sa place^^ si ça va pas-tu me dis je changerais =) )

Bon, tant pis pour la bière, et tant pis aussi pour sa cigarette. De toute façon, c'était pas bien de fumer. xD Et enfin, la table retrouva l'apparence qu'elle avait au début de la soirée. L'incident était clos mais perturbait la jeune fille qui n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle pouvait faire des choses que la plupart des gens n'auraient jamais cru possibles. En fait, au début, Julia pensait rêver, elle se croyait en plein coeur d'un conte de fée, mais elle avait dû admettre qu'elle était bel et bien dans la réalité. Dans sa ville, dans sa vie, avec les personnes qui avaient toujours été là. Mais quelques éléments avaient changé, tout simplement. Et elle n'avait pas encore eu l'occasion d'observer tous ces changements d'ailleurs, mais ça ne saurait tarder.


En effet, elle avait dit ses soeurs, car la miss en avait deux. Des copies conformes comme on disait. Et elle les adorait plus que tout. Rien n'aurait pu les séparer, et surtout pas les disputes occasionnelles qu'elles avaient entre elles. Et puis ce n'était jamais bien grave après tout. Vous savez ce que c'est d'avoir des frères et soeurs non ? Ah, peut-être pas. Eh bien ça se dispute pour un rien, trouvant toujours un prétexte de mettre la faute sur l'autre, souvent en compétition pour une chose ou l'autre. Mais lorsque les relations étaient bonnes, ça ne durait pas. Les trois soeurs avaient le même caractère et, malgré les tensions qu'il pouvait y avoir de temps à autres, elles n'étaient pas du genre rancunières.


Bon, Terry répondit à sa question. Disons qu'il n'était pas très bavard. Il aurait pu effectivement poser des questions, continuer la conversation. Mais s'il n'avait pas envie de parler, c'était son droit. Julia n'allait pas le forcer. Et après avoir bu sa bière, peut-être le laisserait-elle tranquille. D'ailleurs elle en but une gorgée lorsqu'elle vit quelqu'un arriver droit à leur table. Une jeune femme au visage rayonnant, souriant, qui s'assit à côté du jeune homme. Tout d'abord étonnée de sa venue et surtout de son flot de paroles ininterrompu, Julia ne répondit rien, restant scotchée à son siège avec un simple sourire poli. Elle les regardait à tour de rôle mais n'arrivait pas à voir leur ressemblance. Ou peut-être que si...dans la forme de leur bouche et...la couleur des yeux. L'engouement de Tatiana faisait étrangement contraste avec la passivité de son frère. Après quelque secondes, elle prit la parole.

- Enchantée Tatiana. Je m'appelle Julia. Et non, je ne m'ennuie pas, tu vois, je m'amuse comme une folle.

Elle avait ajouté cela d'un ton amusé. Ce n'était pas pour dénigrer Terry, pas du tout. Elle voulait juste plaisanter, car le jeune homme n'était en réalité pas très bavard, et elle voulait bien croire que la jeune femme avait été obligée de le convaincre de sortir un peu. Julia leur adressa un sourire après avoir fini son verre puis dit :

- Eh bien...si tu penses avoir vraiment besoin de compagnie pour aller t'acheter un hot-dog...

Elle haussa les épaules puis se tourna vers Terry, attendant une réaction de sa part. En fait, elle se sentait presque intruse entre ces deux frère et soeur qui se connaissaient et n'avait pas envie d'être en trop. Quoiqu'avec ses soeurs elles allaient souvent vers des gens qu'elles ne connaissaient pas et les laissaient s'incruster sans problème.

[Non ça me dérange pas, mais j'avais pas trop d'inspiration, alors désolée si le post est pas très recherché...]

Le sourire de Tatiana s’était agrandit encore. Au contraire de son frère, car on trouvait toujours le moyen de les comparer, bien évidemment, elle adorait les gens, adorait rencontrer de nouvelles personnes, adorait rire, et adorait discuter. Térence, à coté, se contentait d’écouter. La présence de sa sœur était une distraction comme une autre, même si il craignait quelque peu de se retrouver dans une situation quelque peu… Agaçante, comme c’était souvent le cas, dès qu’ils se retrouvaient ensemble.

Il l’écoutait parler, d’ailleurs, pour bien lui montrer qu’il s’en fichait, il avait enfin allumé sa seconde cigarette. Il songeait même à les laisser toutes les deux, mais c’était hélas impossible pour la simple raison qu’il se trouvait coincé contre le mur. Dommage, il ne pourrait donc pas prendre la poudre d’escampette….

Il a fallu que ça tombe sur toi !

Lâcha ensuite sa sœur, à Julia toujours souriant.

Je suis désolée que tu te sois retrouvée dans la situation « rencontre avec un asocial », mais il fallait bien tomber sur quelqu'un, après tout.

Elle avait haussé les épaules, lâchant cette phrase sans aucun tact. Le tact n’était d’ailleurs pas une de ses qualités majeures, songea Terry en levant les yeux au ciel, quelque peu rassuré de ne plus avoir à discuter sous prétexte que quelqu'un était là pour le faire à sa place…

A la réponse affirmative de Julia, le jeune homme avait levé les yeux au ciel. Non qu’il ne veuille pas particulièrement se retrouver dehors en compagnie de la jeune blonde et de sa sœur, mais surtout parce que dès que quelqu'un suivait les idées de Tania, ils se retrouvaient toujours dans des situations assez biscornues. Enfin, il n’allait bien évidemment pas se défiler maintenant, ne serait-ce pour le bien de Julia, sa sœur étant capable de les perdre.

Combien de fois était-elle en effet rentrée au domicile familial à pas d’heure, l’air amusée comme si il s’agissait d’un jour de fête, et racontant à leur mère affolée qu’elle s’était retrouvée dans un endroit situé à l’autre bout de la ville, mais qu’heureusement elle avait trouvé une bonne âme pour la raccompagner ?

Julia avait posé ses yeux dans sa direction, attendant sans doute son approbation.

Il avait à son tour haussé les épaules, et, après s’être extirpés, et de la banquette, et du bar, et ce, avec difficulté, Térence et Julia se retrouvèrent dehors, devant le Derbydun, à attendre Tatiana, qui semblait ne pas avoir suivit le mouvement .

Le jeune homme, la cigarette entre les doigts, eut un petit sourire désolé, car tout de même dans sa misanthropie, il connaissait tout de même les bonnes manières, et il lacha alors, les bras croisés.

Désolé…

Un nouveau regard vers l’intérieur du bar, tentant d’apercevoir à travers la foule un signe distinctif de sa cadette, avant d’ajouter :

Je crois qu’elle est en train de discuter…

On ne peut même pas faire confiance à un membre de sa famille. Sa sœur disposait d’une mémoire de poisson rouge, et les avaient oubliés dehors. Ils faisaient quoi, maintenant ?

Impossible. C’était le mot idéal pour décrire sa jeune sœur. Enfin, pas si jeune que ça, même si Terry s’était toujours senti beaucoup plus vieux qu’elle, non seulement en age, (un an d’écart, me direz vous), mais surtout en maturité. Elle aurait été capable de disparaître pendant une semaine, et revenir comme une fleur sans comprendre pourquoi tout le monde semblait inquiet.
Il se retrouvait donc seul en compagnie de Julia, une fois encore. Bon, très bien, qu’allaient-ils faire alors? Elle n’avait heureusement pas l’air d’en vouloir à Tatiana de l’avoir abandonné à nouveau en compagnie de Térence, heureusement.

Elle proposa alors qu’ils aillent tout de même prendre un hot dog. Une seconde de réflexion, puis le jeune homme lâcha un sourire :

Ok

Il avait accepté, spontanément. Après tout, il avait un pari à tenir, non? Et puis, maintenant que sa sœur les avait « jetés » du bar, il fallait bien qu’il se fasse pardonner pour elle.

Alors qu’ils allaient se mettre en route, enfin, façon de parler car il n’avait en fait aucune idée de l’endroit ou l’on pouvait bien trouver des hot dog dans le coin, pour la simple et bonne raison que le hot dog était un met qui ne faisait habituellement pas vraiment partie de son régime alimentaire, non qu’il se restreigne ou quoi que ce soit, mais évidemment, lorsqu on ne sortait pas, on ne risquait pas de se nourrir de produits du commerce. Bref, alors qu’ils allaient donc se mettre à marcher, quelqu’un percuta Térence, puis, relevant la tête, s’excusa.
Le jeune homme hocha la tête pour lui montrer que ça n’était pas grave, sans pour autant noter quelque chose de particulier.

Heu… C’est pas grave

Répondit-il ensuite avant de se tourner vers Julia pour signifier qu’ils pouvaient y aller. Et c’est alors, d’ailleurs, qu’il se rendit compte des faits. Des jumelles?

Julia n'en voulait sûrement pas à Tatiana. Elle venait de la rencontrer, ce n'était pas grave, si elle avait trouvé quelque chose de mieux à faire, tant mieux. Et puis Terry n'avait pas vraiment besoin d'accepter simplement pour se faire pardonner, elle ne lui en voudrait pas à cause de sa soeur, loin de là. Mais le fait qu'il accepte lui fit plaisir. Après tout, ils iraient enfin chercher ce fameux hot-dog, même si la jeune femme n'en prenait pas très souvent. Surtout en vacances où elle n'avait pas à manger en ville ou au lycée, mais bel et bien à la maison. Cependant, il fallait bien admettre qu'elle aimait bien en prendre un de temps à autres.


Enfin, ils allaient se mettre en route et, lorsque Julia se retourna, elle remarqua qu'une jeune femme avait foncé dans Terry. Elle fut étonnée de reconnaître sa soeur, mais lorsqu'elle entendit sa voix, la surprise s'effaça de son visage et elle eut un petit rire. Très discret cependant, car Terry ne devait pas avoir tout de suite fait le lien. Quoique, dans les secondes qui suivirent, ce devait être tellement flagrant qu'il verrait rapidement que c'était l'une des soeurs dont elle lui parlait. D'un côté, le fait que ce soit Sandy et non Amber qui était venue l'étonna. Tout d'abord car Sandy aimait beaucoup moins sortir que la deuxième, et aussi car elle n'aimait pas trop le Derbydun. Mais elle fut contente de la voir. Julia se tourna vers Terry avec un sourire.

- Euh...Terry, je te présente Sandy, une de mes soeurs.

Elle aimait bien voir le regard surpris des gens, car les vraies jumelles étaient plutôt rares. Et lorsqu'il comprendrait que la troisième était aussi identique, il en serait peut-être un peu plus étonné. Julia échangea un regard complice avec sa soeur et suivit alors le cours de ses pensées. Eh oui, elles arrivaient à se comprendre sans échanger un seul mot, et ce qu'elle "entendait" la faisait sourire. Dans sa tête, elle lui dit :

*Tu veux peut-être que je vous laisse ?*

Un air amusé accompagnait cette pensée à sa soeur. Julia trouvait également Terry plutôt mignon, et elle comprenait parfaitement sa réaction. Elle les regarda tous les deux quelques instants puis demanda à Sandy :

- Euh...on allait se chercher un hot-dog, tu veux venir avec nous ?

Après tout, si sa soeur était venue la rejoindre, elle n'allait pas la laisser toute seule devant le bar. Et puis elle n'allait pas lui demander maintenant pourquoi elle était venue, elle le lui raconterait plus tard. Ses deux soeurs regardaient des dessins animés lorsqu'elle était sortie, et même si elle aussi était quelque peu retournée en enfance et aimait bien regarder Walt Disney et autres, elle avait préféré sortir. Elle attendit la réponse de sa soeur tout en regardant Terry de temps à autres.