#022 - Erik O'Connor

ONCE UPON A TIME *

Que c’est beau un coucher de soleil … La soleil rougissant se mélange avec le bleu de l’eau pour ne faire plus qu’un, donnant des couleurs chaudes et enchanteresses, digne d’un peinte dont la magie du pinceau est presque divin. Ce spectacle, un jeune homme aimait le contempler encore et encore, sans vraiment se lasser de ce rouge, cet orange, ce bleu qui se transforme, des premières étoiles qui apparaissent pour faire comprendre que le jour devait faire ses adieux pour laisser la lune devenir la reine de la nuit. Et puis cette brise qui s’engouffrait dans les cheveux, des cheveux châtains ondulés qui avaient poussé, la flemme sûrement de la couper ou alors pour se donner un autre genre, en avoir un peu marre de jouer au garçon bien propre sur lui. Erik O’Connor, car c’était son nom, ne bougeait pas de son petit rocher, ses yeux couleur café brillaient face à ce spectacle lumineux et son esprit pouvait vagabonder à son aise tant que personne ne venait le déranger … Ses idées s’envolèrent et le jeune homme pensait à sa vie qui n’était pas vraiment comme il l’imaginait.

Né dans une riche famille, l’enfant eut tout ce qu’il avait voulu. Son père travaillait dans l’immobilier, un secteur toujours au top alors jamais de désordre financier. Alors, à peine un souhait était prononcé que c’était exaucé. Beaucoup d’enfants en aurait bien évidemment profiter mais pas Erik. Lui aimait lire, la musique et s’amuser dans la jardin, donc il ne coûtait pas vraiment cher. Mais la liberté de faire ce qu’il voulait avait pour prix d’être sage, intelligent, poli, aimable, pas trop affectueux et accepter un avenir tout tracé. Aller dans une école privée, être dans les premiers et ne pas chahuter, ça il savait faire. Mais alors les réceptions chez les parents étaient d’un ennui mortel pour un petit garçon. Parfois, James O’Connor, son père, venait le chercher pour le présenter, l’exhiber un peu comme un petit monstre de foire … Heureusement un jour, Uriana avait fait irruption dans sa vie. Cette petite fille aux bouclettes blondes était si gentille et si jolie qu’à peine avoir fait connaissance, le petit bout de chou disait que c’était la femme de sa vie. De toutes manières, cela était prévu alors, pas d’autre choix.

Le clapotis des vagues fit sourire le jeune homme. Il détestait l’eau, enfin en avait peur et pourtant, jamais autre endroit n’avait été plus rassurant que sur ces rochers, loin de tout. Et contemplant les vagues aux reflets dorés, son esprit repartit dans de lointaines contrées.

L’adolescence n’a jamais été une grande étape dans sa vie. Pas de rébellion, pas de fugue, pas de look ahurissant, pas de filles à gogo … Pourtant, à 16 ans, Erik était déjà un beau jeune homme avec ses cheveux coupés courts, son visage rasé de près après l’apparition des premiers poils quelques années auparavant et son uniforme pour aller au lycée, toujours privé et chic. Il était toujours bon élève, très doué dans les matières littéraires mais avait trouvé la parade pour comprendre les sciences, qui ne l’intéressait pas du tout, il fallait vraiment l’avouer. Toujours avec Uriana, aucune fille ne lui avait fait détourner de son chemin. Depuis que les deux s’étaient rencontrés, on leur avait dit qu’ils finiraient leurs vies ensemble. Pour l’instant, l’idée l’emballait toujours autant. Fou amoureux de sa belle blonde, Erik ne voyait pas comment il pourrait en être autrement. Si seulement son père le laissait choisir son avenir professionnel … Reprendre l’entreprise immobilière était impensable à ses yeux, lui qui aimait tant la lecture, rêvait de voyage et aussi de grandes histoires. Non, non. Mais que faire face à l’un des hommes les plus puissants d’Odano ? Lui n’était qu’un adolescent peut être trop idéaliste mais il gagnerait quelques batailles, il en était certain. Peut être pas la guerre, mais des batailles, ce serait déjà grandiose. La première bataille gagnée fut le choix de ses études à faire de l’Histoire/Géographie, un bon début …

Le bruit d’un bateau le fit sursauté. Un bateau de pêcheurs avec la clochette qui tintait l’avait fait sortir de ses rêves. Son chien s’assit à ses côtés. Ah, son Max … C’était son chien depuis qu’il avait 18 ans. Cette boule de poils avait à peine deux mois quand elle s’était blottie dans les bras du jeune homme. Un petit coup de foudre pour ce petit truc blanc qui aujourd’hui une masse quand même avec ses poils mi-longs blanc et qui ne le quittait que rarement. A vrai dire, seulement quand il allait à l’université ou quand il passait un peu de temps avec sa fiancée. Son chien lui lécha la main en lui parlant.

Hé Max, on sait tous que tu veux te jeter à l’eau mais ce n’est pas moi qui irais te chercher !

Disons qu’Erik a peur de l’eau. D’ailleurs, il ne savait pas nager. Mais ça, c’était un secret alors chut. Pourtant, le jeune homme avait fait une balade en mer avec un ami. Mais la mer avait été capricieuse et même s’ils n’étaient pas loin du rivage, le bateau se cassa sur des rochers et si son ami s’en était sorti, lui avait sombré au fond de l’eau. Résistant quelques instants en appelant à l’aide, finalement rien n’avait marché et avant de couler, Erik était persuadé de mourir à presque 23 ans. Pourtant, en rouvrant les yeux, il était sur la plage et vivant. Enfin un peu groggy et ayant un goût d’eau salé dans la bouche mais tout de même, il était toujours en vie. Mais ce n’était pas grâce à ses talents de nageurs, pas du tout ! C’était grâce à Arielle, cette jolie rousse et bonne nageuse qui lui avait porté secours. Pour la première fois, il avait porté de l’intérêt à une autre jeune femme, elle était si belle, gentille et si naturelle dans sa façon d’être. Comme si chacun de ses gestes étaient un appel à la liberté. Ses beaux cheveux roux, son sourire … Tout en elle méritait l’amour. Il l’avait donc embrassé, sans vraiment de raison, sauf celle du coup de foudre. Un vrai, comme dans les contes de fées. Ce fut le seul mais ça avait suffit au jeune homme de se sentir transformé. Elle était partie, peut être parce que sa mission était accomplie ou alors pour ne pas que ça aille plus loin. Après tout, leurs familles ne s’aimaient guère et lui avait quelqu’un … Ne voulant pas faire de mal à Uriana, il ne dit rien mais s’était éloigné d’elle petit à petit, souvent songeur, pensant à cette demoiselle …

Son chien se mit à aboyer. Le soleil disparaissait, engloutit par l’eau qui avait encore une fois gagnée cette bataille. L’heure avait tourné et il fallait retourner chez lui, l’heure du repas allait arriver et tout retard était presque un affront. Son chien commençait à courir tandis que lui passa la main dans ses cheveux. Max revint à toute allure pour lui mordiller sa chemise en signe qu’il fallait se dépêcher.

Oui Max, j’arrive. On retourne à la maison bien que je me sentais mieux ici que dans cette maison dix fois trop grande … Dis moi, tu crois qu’un jour, j’arrêterais d’être une bonne poire et arrêter qu’on dirige ma vie ?

Le chien aboya en secouant la tête de haute en bas. Le jeune homme s'accroupit pour caresser son chien avec un large sourire sur son visage légèrement barbu et ses quelques mèches de cheveux qui venaient se coller à ses joues.

Bon chien, il ne reste plus qu’à trouver le courage. Après tout, je ne suis pas un de ces chevaliers des contes de fées !

Et Erik se mit en marche en direction de chez lui en pressant le pas même si c’était à contre cœur des plus flagrants.

HORS-JEU *

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